"André-Marie Ampère (1775-1836) n’a jamais
rencontré Kant, n’a jamais correspondu avec lui et ne lisait pas l’allemand. En
fait, il n’y a jamais eu de controverse Kant-Ampère comme il y en a eu une, par
exemple, entre Kant et Constant autour de la question du mensonge. Si, pour
qu’il y ait controverse, il faut que deux penseurs argumentent l’un contre
l’autre, alors il faut noter que Kant n’a en effet jamais eu connaissance de la
pensée d’Ampère ; et pour cause, c’est seulement en 1803-1804 qu’Ampère tente de
rédiger un mémoire pour répondre à la question posée par l’Institut et ayant
pour objet la décomposition de la pensée et la détermination des facultés
humaines.
Le présent article défend alors la thèse qu’une
controverse ne cesse de se faire avec le fantôme de Kant, à l’intérieur même de
la pensée d’Ampère, car ce dernier est hanté par le risque d’un scepticisme
associé à un idéalisme subjectif.
En parallèle avec ses recherches scientifiques en
mathématiques, en physique ou encore en chimie, Ampère fut constamment attiré
par la réflexion métaphysique. Cette attirance fut alors, selon nous, dynamisée
par une volonté de fonder les sciences en garantissant la possibilité
de la connaissance de la vérité par l’analyse des facultés de l’homme et de la
genèse des idées."
"Retour particulièrement fréquent de la référence
à Kant (et aux périls philosophiques qui lui sont associés), mais aussi de
certains concepts qui sont empruntés à ce philosophe et qui finissent par être
assimilés par la pensée d’Ampère bien que parfois profondément modifiés (au
point que le lecteur familier du kantisme reconnaisse seulement avec peine leur
origine et qu’il ait parfois l’impression que la substance du kantisme ait
disparu)."
"Ampère possédait également une certaine renommée pour sa réflexion philosophique, au point d’être l’ami intime de Pierre Maine de Biran et d’avoir entretenu avec lui une correspondance philosophique particulièrement riche. C’est dans une lettre à son ami Jacques Roux-Bordier de 1814, qu’Ampère va même jusqu’à affirmer que la métaphysique est la « seule [science] vraiment importante »."
"Il possédait la traduction latine de Born de
la Critique de la raison pure."
"Charles de Villers, Kinker, mais surtout Degérando (qui était un ami lyonnais d’Ampère) ont rédigé à l’époque des commentaires sur la philosophie allemande qu’Ampère a indubitablement lus. Les écrits de Mme de Staël (notamment De l’Allemagne) et certains mémoires ou écrits de membres de l’Académie de Berlin (en particulier les Mélanges de littérature et de philosophie d’Ancillon) lui étaient également familiers. De plus, Ampère fréquente assidûment, à partir de 1804-1805, les Idéologues, le Suisse Philippe-Albert Stapfer et il se lie d’amitié avec Maine de Biran. [...]
Maine de Biran et Ampère étaient fréquemment en relation avec le jeune Victor Cousin, avant que ce dernier ne parte en Allemagne en 1817."
"Il faut attribuer une place importante dans le
réseau de diffusion du kantisme auprès d’Ampère à Simon de Planta, inspecteur
de l’académie de Grenoble. Il a en effet écrit plusieurs longues lettres à
Ampère dans lesquelles il retranscrit certains passages de Kant et de ses
commentateurs (notamment Reinhold) et où il force Ampère à se confronter à des
objections kantiennes [...]
Le prosélytisme kantien de Charles de Villers a pu prendre des formes assez radicales, voire injurieuses, à l’égard des penseurs français, et où, en réaction à cela, l’idéologie, menée par Destutt de Tracy, a pu sembler assez hostile à la philosophie kantienne."
"Ampère disqualifie le kantisme comme étant
synonyme d’idéalisme pour affirmer la possibilité d’une connaissance nouménale.
Cette connaissance nouménale est alors synonyme d’une « théorie des rapports »
qui peut être interprétée comme un réalisme structural. En effet, la théorie
physique pourrait, selon Ampère, faire connaître les rapports présents dans la
réalité (i.e., entre les noumènes) à partir d’une enquête empirique sur les
relations entre les phénomènes. Ainsi, déterminer les lois phénoménales de la
nature par la méthode expérimentale, qui s’incarne notamment dans l’idéal de
classification naturelle, reviendrait pour Ampère à connaître les rapports
entre les choses elles-mêmes. Si la nature même des choses en soi nous reste,
selon Ampère, étrangère, les rapports entre les choses en soi seraient bel et
bien connaissables."
"Le fait de rendre subjectif le principe de
causalité est un problème pour Ampère."
"La philosophie française du début du XIXe siècle
était, il faut l’avouer, sourde à la problématique transcendantale qui est
celle de Kant. Le kantisme était forcé de se placer sur le terrain lié au
programme de l’idéologie. Ce programme était celui de l’enquête psychologique,
c’est-à-dire l’étude de l’origine de nos idées et de nos connaissances
s’inspirant d’une histoire de la philosophie dont les maîtres reconnus étaient
surtout Bacon, Locke et Condillac. Le kantisme étant, par l’essence de son souci
méthodologique, opposé à la perspective empirique qui étudie la genèse des
idées, cela explique qu’il ait souvent été regardé comme une résurrection de
l’innéisme à travers l’absence d’explication de l’origine des catégories."
"Dans le Mémoire sur la décomposition de
la pensée, la référence à Kant participe de la rupture biranienne avec le
sensualisme condillacien et l’idéologie [Maine de Biran 1804]. Biran
part du programme empiriste de l’étude de la genèse de nos idées à partir des
sensations, mais il rompt explicitement avec lui en montrant qu’il y a, dans la
sensation, une dimension nécessairement liée à l’activité du sujet et
irréductible à la passivité des sens. Toute la philosophie de Maine de
Biran se centre alors sur ce couple activité/passivité en rejetant l’empirisme
du côté de la passivité physiologique des sens. Bacon, Locke, Condillac, mais
aussi Destutt de Tracy et Cabanis, sont critiqués pour avoir manqué ou minimisé
la dimension proprement active du sujet qui s’exprime dans la sensation et le
développement des facultés humaines.
Pour Biran, les sens et la physiologie restent
impropres à expliquer l’origine de nos idées car il faut prendre en compte,
dans la conscience, l’activité du sujet qui participe à cette création.
L’activité de la conscience qui est d’abord celle de l’effort volontaire
(l’expression d’un « je veux ») : voilà la clef de la genèse de nos idées pour
Biran. C’est le sujet qui doit d’abord prendre conscience de son existence et
de l’altérité du monde extérieur dans l’effort corporel lié à l’acte volontaire
conscient et à la résistance extérieure qui lui est indissociablement
corrélative ; c’est le sujet qui prend conscience de son identité dans la
répétition et le souvenir des efforts volontaires ; c’est le sujet qui prend
conscience d’être la cause des efforts qu’il produit ; c’est encore le sujet
qui compare et juge des ressemblances ou dissemblances entre les efforts qu’il
produit pour saisir les caractéristiques du monde extérieur. Dans le Mémoire
sur la décomposition de la pensée, le biranisme devient une
philosophie de l’activité subjective liée à la conscience.
Or quelques références à Kant sont présentes dans ce
mémoire et il est possible de retenir ici un mérite qui est attribué à Kant :
celui d’avoir montré que les formes et les catégories sont subjectives, que le
temps et l’espace n’appartiennent pas au monde extérieur et que la notion de
cause n’est pas non plus trouvée dans des objets indépendants du sujet [Maine
de Biran 1804, 183]. Le défaut de Kant serait alors essentiellement de ne pas
avoir montré comment les catégories apparaissent à partir de l’activité du
sujet, de ne pas avoir compris que la notion de cause, si elle est bien
subjective, s’enracine dans une genèse qui est liée à l’effort corporel que le
sujet a conscience de réaliser contre une résistance sentie [...]
Ce détour par la philosophie de Biran, telle qu’elle
apparaît en 1805, est important, car Ampère adoptera entièrement la thèse
biranienne selon laquelle la connaissance s’enracine dans l’activité consciente
du sujet. Or cette activité subjective implique une affinité avec le kantisme
qu’Ampère va saisir et approfondir. À peine a-t-il lu le mémoire de Biran qu’il
déclare à son ami Bredin :
C’est une métaphysique [celle de Biran]
toute spirituelle comme celle de Kant, peut-être plus éloignée encore de tout
ce qui tient au matérialisme."
"Là où Kant considère l’objet comme étant réglé
sur le sujet, Ampère refuse cette « révolution copernicienne » en réaffirmant
la nécessité pour l’objet d’être conçu indépendamment du sujet, même si nos
idées trouvent un nécessaire point de départ dans notre subjectivité. À partir
de 1810, Ampère ne cesse d’évoquer la nécessité de comprendre comment
nos idées (comme par exemple celle de cause) sont « désubjectivées » [...].
Comme en témoigne l’usage que fait Ampère de la notion de forme, le point de
départ de la connaissance est donc bien la subjectivité, mais Ampère souhaite
ensuite échapper à cette subjectivité qui menace, selon lui, de détruire la
possibilité d’une connaissance authentiquement objective. Il reste en ce sens
particulièrement attaché à la définition classique de la vérité
correspondance. Pour lui, est objectif ce qui ne dépend pas du sujet ;
vouloir régler l’objet sur le sujet serait alors inacceptable et constituerait
une tendance idéaliste attribuée à Kant."
"Ampère cherche alors à montrer qu’il est
possible de désubjectiver nos idées. Cela veut dire deux choses pour Ampère :
montrer que les formes n’enlisent pas l’homme dans l’expérience phénoménale et
justifier que les catégories peuvent légitimement être utilisées pour connaître
des objets extérieurs au sujet.
Ampère approfondit alors une lecture française de
l’époque à propos de la notion de forme afin de la réinterpréter et d’éviter
l’idéalisme associé au kantisme. Cette lecture était, par exemple, celle de
Destutt de Tracy [...] : elle consiste à lire la notion de forme de manière
physiologique.
Dès 1805, Ampère affirmait à Maine de Biran que l’idée
d’espace était liée à l’« organisation étendue de l’œil »."
"Certes, nos représentations présupposent une
coordination subjective qui est notamment spatiale ; cependant, Ampère affirme
que cette coordination n’est possible que parce que l’idée d’espace n’est pas
innée mais a une genèse. Cette genèse s’expliquerait par le caractère
physiologiquement étendu de certains de nos sens et en
particulier la vue et le toucher. Ce fait physiologique impliquerait la coordination
spatiale de nos impressions. Par exemple, comme l’aveugle de naissance
possède le toucher, cela expliquerait, selon Ampère, qu’il puisse avoir des
représentations spatialement déterminées et donc une idée de l’étendue fondant
la possibilité pour lui de développer des connaissances géométriques [Maine de
Biran 2000, 321].
Cette lecture physiologique de la notion de forme
permet, selon Ampère, d’éviter l’innéisme mais surtout de répondre
à la conséquence idéaliste associée à Kant.
On sent bien qu’Ampère n’est pas prêt à abandonner
l’idée d’une vérité correspondance. C’est pour cette raison qu’il défend
l’opinion selon laquelle les lois découvertes par les scientifiques seraient
entièrement objectives, c’est-à-dire qu’elles correspondraient aux rapports
entretenus par les choses, telles qu’elles existent indépendamment de nous.
Cependant, comment garantir que les rapports perçus entre les phénomènes
correspondent aux rapports existants entre les noumènes ?"
"Pour pouvoir légitimement transporter les
rapports perçus entre les phénomènes vers les noumènes, il fallait qu’Ampère
puisse affirmer que ces rapports ne dépendaient en rien du sujet qui les
perçoit et pour cela il réutilise d’abord la distinction classique [,
introduite par Locke,] entre qualités premières et qualités secondes. «
Désubjectiver » les phénomènes suppose pour Ampère de discriminer, au sein de
nos représentations phénoménales, les rapports saisis par la pensée qui sont
indépendants de notre complexion physiologique subjective (les « qualités
premières »), des images qui en sont dépendantes (« les qualités secondes »).
Voilà un passage qui est sur ce point explicite :
Je vous prie de bien faire attention que
ce n’est point moi qui ai imaginé que les idées de nombres, de formes,
d’existence, de durée, etc., pouvaient comme celles de causalité, être
affirmées des noumènes, en eux-mêmes et indépendamment de nous, tandis qu’à
l’égard des idées sensibles, on ne pouvait les en affirmer sans absurdité, mais
seulement leurs causes, causes qui ne ressemblent en rien à ces idées sensibles
ou images. Cette opinion a été celle des Locke, des Malebranche, des Leibniz,
elle a été l’origine de la distinction des qualités primaires, qui étaient dans
les corps eux-mêmes (les nombres, formes, mouvements), et les qualités
secondaires dont il n’y avait en eux que les causes inconnues (les
modifications que nous en recevons). [Maine de Biran
2000, 223-224]
Les mathématiques permettent alors tout
particulièrement de saisir les rapports exprimés par les qualités premières.
Les lois physiques, saisies par les scientifiques, seraient, pour Ampère,
l’expression mathématique de la structure de la réalité, c’est-à-dire des
rapports nouménaux. De plus, la notion de cause peut être utilisée pour
caractériser les noumènes au sens où il y a des choses, dont la nature nous est
certes inconnue, mais dont nous savons qu’elles causent en nous les sensations
dont nous avons conscience. Ainsi, s’il est absurde de supposer que la chose en
soi possède une rougeur telle que celle que nous percevons –car l’idée générale
de rouge dépend de la nature de nos organes – [...] nous savons que la chose en
soi est la cause « inconnue » des modifications de notre sensibilité.
L’écarlate est pour Ampère, la cause inconnue qui exprime la relation entre la
chose en soi et la rougeur perçue. La rougeur est une image irrémédiablement
subjective (car dépendante de la nature de nos organes), la chose en soi est
inconnaissable dans sa nature, l’écarlate exprime le fait indéniable pour
Ampère que la chose en soi cause en nous des modifications [...] Si la notion
de cause est d’abord subjective, car liée à la conscience de l’effort
volontaire, Ampère affirme ici qu’il est possible de transporter la notion
de cause au sein du noumène, car nous faisons l’expérience que certaines de nos
modifications ne dépendent pas de notre volonté et sont donc bien
causées par quelque chose qui nous est extérieur."
"Ceci dit, la distinction entre qualités
premières et qualités secondes doit selon Ampère être justifiée et ne doit donc
pas constituer une pétition de principe. Cette justification, il la trouve dans
l’étude physiologique qu’il a faite de la genèse de nos idées.
La quatrième leçon de philosophie, qu’Ampère a donnée
à la faculté des lettres en 1819-1820, précise le fondement physiologique de
cette justification :
Les rapports que nous percevons entre les
phénomènes tels qu’ils nous apparaissent sont ordinairement les mêmes dans le
monde réel, quoique nous n’en reconnaissions la cause qu’après coup. Ainsi, les
sensations faites sur différents points de la rétine ont une analogie réelle
avec l’étendue et la position respective des objets qui les causent en nous
renvoyant la lumière. [...]
Pour Ampère, l’interprétation physiologique de la
notion de forme permet de faire la différence entre une étendue nouménale
(telle qu’elle existe indépendamment du sujet connaissant) et une « étendue
phénoménique » (qui est celle de nos représentations) [Ampère 1843, 23]. En
effet, l’étendue phénoménique résulterait de la constitution même de la rétine.
Selon lui, ce serait parce que nos sens sont eux-mêmes étendus que nous aurions
conscience de phénomènes étendus. L’étendue rétinienne serait donc
l’intermédiaire entre les noumènes et les phénomènes.
Elle serait plus précisément la source d’une «
analogie réelle » entre phénomènes et noumènes. De manière sous-jacente, Ampère
utilise donc un argument mathématique et physique puisqu’il voit dans la
constitution de la rétine une sorte de prisme qui renvoie les rayons lumineux
en conservant les rapports présents dans la réalité. C’est en tout cas le sens
étymologique du terme « analogie ». Finalement, la rétine semble considérée
comme la source d’un isomorphisme entre l’espace réel et l’espace phénoménique.
Nos sens impliqueraient par conséquent,
selon Ampère, une dimension contingente (correspondant aux qualités secondes)
et une autre nécessaire (qui renverrait aux qualités premières). La
structure même de nos sens serait nécessairement liée à la juxtaposition et à
la succession ; mais une juxtaposition et une succession telles qu’elles
correspondraient aux rapports présents dans la réalité. Cela conduirait par
exemple tout homme à pouvoir abstraire de ses sensations, quelles qu’elles
soient, l’idée de nombre :
De quelque manière que nous fussions
organisés relativement à nos modes de sensations, quand nous verrions le rouge
blanc, ou le jaune noir, quand une odeur nous affecterait comme un son nous
affecte actuellement, il suffirait que nous puissions avoir plusieurs
sensations, ou images, ou modifications quelconques présentes à la fois pour
acquérir des notions de nombre identiques à celles que nous avons.
[...]
La structure de nos sens déterminerait donc nos
sensations subjectives de telle manière que nous puissions nécessairement
abstraire des phénomènes des notions indépendantes de notre subjectivité.
Ampère tente donc d’enraciner sa théorie des rapports dans la distinction entre
des « modes de sensations » contingents et des « modes de coordinations » (les
formes) nécessaires. Ces formes, en étant interprétées physiologiquement, ne
sont pas des idées innées, mais deviennent des conditions de possibilité pour
structurer nos idées de sorte qu’une analogie de rapports entre elles et les
objets extérieurs soit certaine.
La connaissance nouménale, interdite par Kant, serait
donc, pour Ampère, une connaissance des qualités premières. Car ce sont bien
ces qualités premières (relations de grandeurs, de formes, de positions par
exemples) qui sont quantitativement déterminables et qui permettent donc de
déterminer mathématiquement des lois qui expriment des rapports constants entre
les phénomènes. De là, Ampère en conclut que ces lois phénoménales qui
manifestent des rapports constants peuvent également être transportées vers les
noumènes eux-mêmes."
"Si les mathématiques n’ont qu’une portée
subjective, comment expliquer la fécondité prédictive de la physique
mathématique ?
Si rien ne soutient la constance des rapports affirmés
par les sciences, cette constance peut n’être qu’illusoire et cesser d’un
instant à l’autre pour céder la place à un chaos indescriptible.
Pour Ampère, les rapports entre les phénomènes sont
causés par les rapports entre les noumènes et il y a ici une parfaite analogie.
En éliminant l’idée d’une harmonie préétablie, la stabilité des rapports
présents dans les phénomènes ne peut qu’être causée par la stabilité des
rapports entre les noumènes. Avec l’idéalisme, affirmer que les rapports cernés
dans les phénomènes ne répondent pas à des rapports nouménaux impliquerait
d’ôter toute raison d’être à la stabilité des rapports phénoménaux. Or chaque jour,
les prédictions de la science continuent à être vérifiées et cela augmenterait
donc, selon Ampère, la probabilité que les rapports phénoménaux, saisis par la
science, reposent bel et bien sur des rapports nouménaux. Cette stabilité,
expérimentalement constatée au sein des phénomènes, serait donc inexplicable
et improbable dans l’hypothèse idéaliste."
-Charles Braverman, "Ampère et le fantôme de Kant : histoire d’une controverse sur la portée ontologique de nos connaissances", Philosophia Scientiæ, 20-1(1), 2016, 11-31.
Parmi ceux qui ont contribué à populariser la philosophie de Kant en France, il faudrait aussi citer Jules Barni, qui l’a traduit et qui a écrit des essais à son sujet. Quant à la volonté de passer du monde des phénomènes à celui des noumènes, c’est peut-être intéressant, mais cela va complètement à l’encontre de tout ce qu’a pu écrire Kant…
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