mardi 2 juillet 2024

L’exercice incertain du jugement politique

I :

Ce midi, mon père me disait qu’il ne comprenait pas le choix qu’a fait le Président de la République de dissoudre l’assemblée nationale.

J’ai cru comprendre qu’Emmanuel Macron l’a fait en anticipant la censure que risquait le gouvernement de Gabriel Attal lors du débat budgétaire de l’hiver prochain ; censure que Les Républicains auraient infligé au gouvernement par refus de l’ampleur des déficits publics. Cette explication est cohérente avec le propos énigmatique du président, déclarant à la télévision, le 10 juin dernier, que mieux vaut « écrire l’Histoire que la subir ».

Mais qu’est-ce qui me fait penser que l’anticipation de la chute du gouvernement était bien derrière la motivation de Macron ? J’y crois parce que c’est ce que nous en dit un internaute macroniste qui paraît bien informé. J’y crois aussi parce que, en dépit de l’annonce précipité de la prise de parole télévisée du président (avec une demi-heure de retard et une mauvaise qualité d’image), le choix de la dissolution semble être le fruit d’une longue préméditation, à en croire également un commentateur avisé des arcanes de la vie politique française.

Toutefois, deux opinions convergentes font-elles plus qu’une simple rumeur publique ? Est-ce assez pour rire au nez du militant LFI qui prétend que le président a voulu donner le pouvoir au Rassemblement national ? Et si c’était vrai ? Cela impliquerait alors que voter pour la droite nationaliste, c’est faire exactement ce que veut le monarque

II :

« Je te parle d’une impression, pas du tout d’un truc que j’ai vérifié » me disait une amie au téléphone, à propos de sa croyance que lire les programmes politiques n’aide guère à se former un jugement politique puisque les hommes politiques peuvent aisément être réélu sans tenir leurs promesses électorales.

 

III :

J’ai le sentiment que les partis de gauche commettent une erreur historique en se désistant en faveur des candidats centristes (à l’image de Mme Borne à laquelle on doit, entre autres méfaits, l’allongement de la durée de cotisations et donc du départ en retraite des travailleurs). En essayant à tout prix d’empêcher l’arrivée au pouvoir du RN, ils s’exposent à décevoir les classes populaires qui votent à droite (ou s’abstiennent) en paraissant être la béquille de la bourgeoisie macroniste. Un choix qui pourrait faire pourrir la crise ouverte depuis le 10 juin… En empêchant la droite de (mal) gouverner quelques années, la gauche s’expose au risque d’être accusée d’avoir bloqué le pays, et à un retour en force triomphal du RN en 2027.

Mais un jugement si sévère est-il approprié ? Est-ce vraiment ainsi que le prolétariat appréciera le comportement de la gauche institutionnelle ? Comment puis-je prétendre le savoir ? 

 

IV : Un principe pour guider le jugement politique.

Il faut se demander non pas simplement « est-ce que telle loi m’apportera une satisfaction personnelle ? » mais « quel type de société sera produit par les effets d’une telle loi ? Pourrais-je mieux vivre dans une société ainsi transformée ? ». Il faut s’efforcer de regarder au-delà de l’échelle temporelle de sa vie et considérer les conséquences d’ensemble, le terme le plus lointain.

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