« La désorganisation des services de renseignement par Nicolas Sarkozy en 2008 est l’une des causes fondamentales des erreurs de jugement qui ont permis la prolifération de ces actes [terroristes]
De même, la baisse du nombre de policiers et de militaires engagée sous son quinquennat résonne douloureusement aujourd’hui. »
-Charles Millon, « Nommer l’ennemi ? », 22 Juillet 2016.
« La police est atteinte d’un cancer en phase
terminale. » La phrase fuse comme une balle. Elle vient du sénateur LR
Henri Leroy. Chaque année, il dresse un rapport sur le budget des forces de
sécurité. Et constate que le recrutement se dégrade : « On recrute à
gogo, on sature les écoles et on envoie les recrues plus tôt sur le terrain
pour laisser la place aux promotions d’après. »
L’ex-gendarme alertait en novembre 2019 sur l’« appauvrissement
inquiétant des viviers de recrutement ». Aujourd’hui, alors qu’il
participe au Beauvau de la sécurité – la concertation sur les forces
de l’ordre qui se penche lundi 8 mars sur la question de la formation –, son « inquiétude
est encore plus forte ».
Que se passe-t-il dans la maison police ? Il suffit
d’une équation pour le comprendre. Là où
Nicolas Sarkozy avait supprimé plus de 10 000 postes de policiers et gendarmes,
Emmanuel Macron s’est engagé à en créer 10 000 sur l’ensemble du quinquennat. Le nombre
d’incorporations annuel d’élèves gardiens de la paix (1) a bondi en dix ans,
passant de 450 en 2010 à 3 700 en 2021.
Pour tenir les engagements, il faut donc recruter beaucoup, et vite. Problème,
les vocations n’ont pas suivi. Après un rebond, à la suite des attentats de
2015, le nombre de candidats a diminué pour se stabiliser à 20 000 en moyenne
chaque année. En cause notamment, les violences en manifestation, la défiance
d’une partie de la population, des conditions de travail jugées dégradées, etc.
Auprès de la commission des lois du Sénat, la direction de la police (DGPN)
souligne une « relative désaffection des candidats ».
Le
concours est de moins en moins sélectif : alors que seuls 1 % des candidats au
concours externe des gardiens de la paix, accessible au niveau bac, étaient
admis en 2010, ils étaient plus de 9 % en 2018,
selon nos calculs à partir des données transmises par la DGPN. Concours interne
et externe (2) confondus, on est passé d’un candidat retenu sur 50 en 2010 à un
sur cinq en 2019.
« On peut être admis avec des notes catastrophiques,
un 7/20 par exemple », précisent plusieurs sources. « Le niveau général des
candidats est plus faible », ajoute un formateur en école de police. « Mais
j’ai tendance à croire que c’est générationnel, et que c’est l’Éducation
nationale qui a lâché. Car la police a toujours attiré les gens issus du
peuple. »
Les recrues subissent une enquête administrative de la
part des renseignements territoriaux. Le but, vérifier qu’elles sont de « bonne
moralité » et que leur casier judiciaire ne comporte « aucune mention
incompatible avec l’exercice des fonctions ». Là aussi, l’exigence a baissé,
assurent plusieurs interlocuteurs. « On se retrouve avec des recrues qui ont
des antécédents de violences conjugales ou de petits larcins », explique
Franck Chantelauze, référent national formation pour Alternative Police CFDT.
En
2019, l’épreuve de gestion du stress a été supprimée,
jugée trop chronophage et pas assez sélective. « Elle était pourtant très
pertinente », regrette un psychologue de la police, membre de jury. « La vraie
raison, c’est que cela éliminait beaucoup de personnes qui ne présentaient pas
les garanties psychiques pour faire face à ce métier. »
À la formation ensuite de préparer ces recrues au
terrain. Celle-ci a été réduite de 12 à 8 mois en école en juin 2020. «
Erreur fondamentale », a reconnu Gérald Darmanin [N1], qui va entendre les
propositions de réforme ce lundi. »
-Hippolyte Radisson, « Les recrues de la police ont un plus faible niveau qu’avant », La Croix,
7 mars 2021.
[N1] : Le triste sire ayant lui-même exercé des fonctions dans 3 cabinets ministériels des gouvernements François Fillon…
PS: On consultera également avec profit cet article du journal Basta, dont je reproduis un graphique:
Le bilan de Sarkozy sur ce plan-là est catastrophique, mais il aura toujours l’image d’un « homme fort » auprès d’une certaine droite française. La politique du coup de menton, c’est ce qui passe le mieux à la télévision…
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