« Si l'on prend l'Univers pour objet de cette question de l'origine, deux réponses sont possibles. Ou bien la nécessité universelle s'explique de l'intérieur même du monde, ou bien elle résulte de l'intervention d'une entité extérieure. L'origine des choses dépend soit d'un processus immanent, soit d'une force transcendante. Ce type de réponse n'a qu'une valeur a priori, c'est-à-dire n'existe que sous la forme d'une thèse non validée par l'expérience. Mais, chacune des deux réponses, a une portée à la fois ontologique et gnoséologique. En effet, la recherche de l'origine exige de poser un principe expliquant, ou justifiant, toutes choses, aussi bien la réalité objective que la pensée subjective. La réponse matérialiste ne peut donc se réduire ni à une conception de l'être ("tout est matière"), ni à une théorie de la connaissance ("la réalité existe indépendamment de la pensée"). Elle est d'abord l'idée du développement immanent de l'univers et des êtres qui le composent. »
(Pascal Charbonnat, Histoire des philosophies
matérialistes, Paris, Éditions Kimé, 2013, 706 pages, p.38).
« Des physiciens de l’université de Liverpool, au
Royaume-Uni, émettent l’hypothèse que l’univers a toujours existé, nous
informait Live Science le 11 octobre. En s’appuyant sur une théorie récente de
la gravité quantique, ils imaginent dans leur étude la possibilité d’un univers
sans commencement.
Les deux théories les plus décisives pour expliquer le
fonctionnement de l’univers sont la physique quantique et la relativité
générale. La physique quantique permet une description réussie de trois des
quatre forces fondamentales de la nature (électromagnétisme, force faible et
force forte) jusqu’à des échelles microscopiques. La relativité générale, quant
à elle, est la description la plus incroyablement complète de la gravité jamais
théorisée. Malheureusement, au cœur des trous noirs comme aux prémices de
l’univers, les lois de la physique telles qu’on les comprend actuellement
s’effondrent totalement. Pour résoudre ces énigmes cosmiques extrêmement
complexes, dans des environnements extrêmes appelés « singularités », les
physiciens utilisent différentes approches. Celle étudiée par l’équipe de
chercheurs de l’université de Liverpool se concentre sur la théorie des
ensembles causaux.
« La théorie des
ensembles causaux repose en grande partie sur le fait que le passage du temps
est quelque chose de physique, qu’il ne doit pas être attribué à une sorte
d’illusion, ou à quelque chose qui se passerait dans notre cerveau et nous
ferait croire que le temps passe. Le passage du temps est, en soi, une
manifestation de cette théorie physique », Bruno Bento, un physicien qui
étudie la nature du temps à l’université de Liverpool, au Royaume-Uni. « J’étais fou de joie de trouver cette
théorie, qui tente non seulement d’être aussi fondamentale que possible, en
repensant la notion d’espace-temps elle-même, mais qui accorde également un
rôle central au temps et à ce que signifie physiquement le passage du temps, la
réalité physique du passé, et la préexistence (ou non) du futur. »
Dans ses recherches, il avance l’hypothèse que
l’espace et le temps seraient décomposés en plusieurs « atomes » d’espace-temps
et ne seraient pas continus. Ils n’auraient ni début ni fin. Cette approche
élimine ainsi la singularité du Big Bang, puisque dans cette théorie, les
singularités n’existent pas. Il serait ainsi impossible que la matière se
comprime jusqu’à des points infiniment petits, puisqu’ils ne peuvent pas être
plus petits que la taille d’un atome d’espace-temps. Qu’y aurait-il alors à la
place du Big Bang ?
« Dans la
formulation originale de la théorie, un ensemble causal se développe à partir
de rien pour devenir l’univers que nous voyons aujourd’hui. Dans nos
recherches, il n’y aurait pas de Big Bang comme commencement, car l’ensemble
causal serait infini dans le passé. Il y aurait donc toujours quelque chose
avant », explique Bento. Difficile de se représenter une telle réalité,
mais cela n’arrête pas Bento et son équipe. C’est le début pour les physiciens
d’un long travail de recherches. »
-Nicolas Prouillac, « L’univers n’a jamais eu de commencement, selon ces physiciens », Ulyces, 12 octobre 2021.
Derrière une apparente objectivité, ce billet est une attaque polémique contre le chapitre 1 de la Genèse. A mon sens les choses se placent sur deux plans différents, et la théorie du Big Bang contestée ici ne démontrerait ni n’infirmerait le récit biblique si elle venait à être prouvée ou réfutée. Le langage biblique ne se pose précisément pas sur ce terrain là, et il a été plus ou moins établi que les premiers chapitres de la Genèse sont un détournement parodique des cosmogonies babyloniennes, comme beaucoup de passages de l’Ancien Testament qui sont en réalité des réécritures polémiques de textes des grandes cultures environnantes. D’où la nécessité de l’interprétation et de l’exégèse que ne font ni les fondamentalistes ni les positivistes obtus (pour prendre les deux pôles opposés du spectre). Par ailleurs, sur le simple plan philosophique, s’interroger sur le commencement de l’univers est très suspect, c’est l’objet des deux premières antinomies de la raison pure exposées par Kant dans la dialectique transcendantale de sa Critique de la raison pure. C’est le type même du faux problème philosophique.
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