Le journal Le Monde, aussi appellé « journal de référence » par les centristes et autres imbéciles, vient de publier dans la nuit un article intitulé « La remise en cause inédite de la primauté du droit européen par la Pologne ébranle l’Union ».
Cet article payant et réservé aux abonnés déplore le
fait que : « Jeudi 7 octobre, le
Tribunal constitutionnel polonais, aux ordres de la majorité
nationale-conservatrice du PiS (Droit et justice), a rendu un arrêt perçu comme
remettant en cause un des fondements de l’Union européenne (UE) : la primauté
du droit européen sur les droits nationaux. Alors que la Cour de justice de
l’Union européenne (CJUE) multiplie les arrêts défavorables à Varsovie, la plus
haute instance juridique polonaise a statué que l’interprétation que fait la
CJUE des traités européens est, sur certains points, incompatible avec la
Constitution polonaise.
L’arrêt
est une nouvelle étape du conflit qui oppose depuis 2016 les institutions
européennes au gouvernement populiste polonais au sujet de ses réformes qui
remettent en cause, de l’avis de l’unanimité des juristes, l’indépendance de la
justice et les fondements de l’Etat de droit. Varsovie envoie, par le biais de
sa plus haute instance juridique, un message clair : les ingérences de
Bruxelles dans ce processus de réforme ne seront pas reconnues. ».
Je ne reviendrais pas outre mesure sur le fond de l’affaire
(l’Etat de droit est-il ou non remis en question en Pologne ?), difficilement
appréciable sans une connaissance directe du pays (et que ne peut certes pas
nous apporter la presse mainstream française et Le Monde).
Je trouve néanmoins un peu bizarre que Le Monde attaque la légitimité du Tribunal
constitutionnel au motif qu’il soit composé de membres « nommés par la majorité parlementaire ».
En France aussi, le Conseil constitutionnel est composé de personnalités nommées
par différents acteurs politiques, sans compter les anciens présidents qui en
sont membres d’office. La France est-elle alors en dehors de l’Etat de droit et
de la séparation des pouvoirs ?
Mon sujet est ailleurs et tient dans cette image, qui accompagnait le twitt diffusant cet article sur le compte twitter du Monde (et qui vient d'être modifié à 11h46, aléa du direct !).
N’ayant pas accès à la version entière de l’article, je ne sais pas si cette œuvre est sourcée précisément. On peut imaginer qu’il s’agit d’un dessein d’un activiste opposé au gouvernement polonais actuel, dont l’anti-européisme serait alors assimilé au nazisme.
Auquel cas le sens de l’œuvre serait tout à fait
outrancier. Il y a eu de 1990 à 2004 une Pologne indépendante et démocratique,
qui n’était pas encore membre de l’UE. Il est tout simplement mensonger et
stupide d’assimiler appartenance à l’UE et Etat de droit démocratique, comme l’illustrent
en Europe les exemples de la Suisse, du Royaume-Uni, etc.
La reprise, même temporaire (honteuse ?), par le twitter du Monde de cette image, dont la finesse symbolique le dispute au
talent artistique, n’est pas innocente. La diffusion de ce dessein sur les
réseaux sociaux, sans que le public puisse même vérifier la nature de cette
image, est à ses yeux pertinente. Passé maître dans l’art de la description
non-neutre et de la pseudo-objectivité orientée (qui est bien plus traîtresse
que le journalisme ouvertement militant), le journal fait ainsi savoir à tous
les Internautes qu’il n’est pas délirant de tracer un signe égal entre
anti-européisme et hitlérisme [N1]
Il est en cela fidèle à la longue tradition de la
presse bourgeoise européiste, qui n’accepte de parler d’anti-européisme qu’à
condition qu’il soit d’extrême-droite. Et s’il ne l’est pas, on n’hésitera pas
à le maquiller et à mentir pour les besoins de la cause.
Tout sera fait pour occulter l’existence de partis souverainistes transcourants (comme l’Union populaire républicaine ou République souveraine), l’existence de souverainistes parmi les conservateurs modérés (comme Boris Johnson en Angleterre), les gaullistes, les libéraux (comme Jean-Jacques Rosa en France ou le Parti des citoyens libres en République tchèque) ou la gauche radicale, socialiste ou communiste (comme Denis Collin, Frédéric Lordon, le parti communiste grec, etc etc.). Non, le seul souverainisme qui existe est crypto-nazi, c’est forcément vrai puisque c’est le « journal de référence » qui vous le dit !
C’est un énième crachat à la gueule de tous les souverainistes en Europe, qui luttent pour la défense de l’indépendance de leurs patries respectives, et qui refusent la véritable machine anti-démocratique qu’est la Commission européenne. Ces manœuvres injurieuses ne seront pas oubliées. La France ne sera pas éternellement dirigée par des traîtres et des lâches.
[Note 1] : Ce qui est d’autant plus ironique que le national-socialisme allemand était un européisme tout à fait revendiqué : « Les peuples d'Europe représente une seule famille dans le monde. Il n'est pas très intelligent d'imaginer que dans un espace aussi étroit que celui de l'Europe, une communauté de peuples puisse longtemps maintenir des systèmes de lois reposant sur des conceptions différentes. » (Adolf Hitler, Discours au Parlement, 7 mars 1936).
Je ne partage pas vos idées sur l'Europe et le souverainisme, mais il est vrai que cette illustration est de fort mauvais goût. C'est bien de vous voir réagir à chaud sur un sujet d'actualité pour changer.
RépondreSupprimerChers Razor et Laconique, vous ne savez pas la meilleure !
RépondreSupprimerLa Pologne est dans son droit en faisant ça. C'est LEGAL.
En effet, il est prévu que le droit de l'UE est supérieur au droit national sauf si le droit UE remet en cause l'identité constitutionnelle du pays. Et la Pologne rentre dans sa constitution que le droit européen ne prime plus. Jolie astuce face à une UE qui s'est tirée une balle dans le pied dès le départ. A croire que ce joker fut prévu par les Pères de l'Europe.