vendredi 6 août 2021

Misère de l’individualisme. Narcissisme, nécropolitique libérale, éthique minimale et société liquide

 

« Les libéraux [sont] fondamentalement des gens qui mettent le consentement au centre de leur système éthique. » (Entretien du Parti libéral français avec le journal Marianne, 2020).

Je discutais l’autre jour avec un libéral.

Celui-ci me disait qu’un bon régime politique doit préserver les interactions sociales volontaires ; ni plus, ni moins. 

Je lui fis alors remarquer que la conséquence de ce principe devait être de tolérer la nécrophagie et la mise en vente libre de chair humaine pour la consommation. En effet, les cadavres ne sont pas des personnes, ils n’ont aucun droit, et dans une société pleinement libre, les individus devraient pouvoir volontairement consommer ou vendre de la chair humaine sans subir des interdictions moralisatrices de la part de l’Etat…

Ni ce libéral ni quelques autres anarcho-capitalistes n’ont reculé devant cette conséquence. Ce qui fait honneur à leur cohérence logique, mais pas à leur sens de la mesure et de la dignité humaine.

Le libéralisme est une idéologie politique. Il est à ce titre conscient, rationnalisé, complexe ; ses défenseurs comprennent dans l’ensemble qu’ils défendent un individualisme propriétariste universalisé. Sur le plan partisan et dans la classe politique, les libéraux déclarés restent toujours très minoritaires en France. En revanche, l’individualisme progresse par bien d’autres médiations, depuis le dernier demi-siècle.

Par individualisme, j’entends ici une tendance de l’évolution sociale vers la formation d’une société qui n’existe que pour réaliser les aspirations des individus, quels qu’en soient les contenus. (La calamité inverse étant le collectivisme, soit une société où les individus n’existent que pour réaliser des aspirations qui leurs sont étrangères, imposées de l’extérieur, le plus souvent par l’Etat).

Beaucoup a été écrit sur la radicalisation de l’individualisme occidental durant les dernières décennies. On peut penser à des ouvrages comme L'Ère du vide : essais sur l'individualisme contemporain (1983), de Gilles Lipovetsky ; ou bien La Culture du narcissisme (1979), de Christopher Lasch. Dans l’approche marxiste de Michel Clouscard (Le capitalisme de la séduction, 1981), l’individualisme hédoniste répandu depuis Mai 68 est conçu comme une nécessité de fonctionnement pour une nouvelle phase de développement de l’économie capitaliste, la précédente ayant déjà saturé le marché des biens d’équipements utilitaires (automobiles, machines à laver, etc) durant les Trente Glorieuses. En somme, comme l’écrivait Castoriadis à la fin des années 1990, le capitalisme débarassé de son rival soviétique est désormais libre de se fabriquer un individu à son image.

Je voudrais faire ici quelques remarques critiques sur les convictions philosophiques, les croyances morales, qui sont à la fois l’expression et la justification consciente de ce mouvement culturel d’ensemble.

J’ai déjà traité ailleurs du relativisme moral et du post-modernisme, qui excluent à l’évidence toute connaissance du bien d’autrui, et donc la possibilité même d’envisager de le contraindre à bien faire quoi que ce soit. 

J’ai déjà critiqué ailleurs l’aveuglement des libéraux à tous les aspects du bien public qui ne sont pas la maximisation de la liberté individuelle, ainsi que le très séduisant piège moral qui consiste à ériger le consentement en boussole de l’éthique.

Mais le libéralisme n’est pas la seule doctrine qui alimente l’individualisme contemporain.

Sans pouvoir la discuter exhaustivement, disons quelques mots de l’éthique minimale de Ruwen Ogien, qui a suscité de nombreux débats et jouit d’une certaine popularité, tant elle semble l’expression philosophique de l’atmosphère morale de notre époque : 

« On peut résumer le minimalisme moral de Ogien en quatre propositions principales. 1° Il y a une exigence éthique à considérer autrui comme une personne indépendante et égale à toute autre (principe d’égale considération). 2° Seules, les actions qui entraînent un tort causé à autrui ont une signification morale (principe de non nuisance, hérité de John Stuart Mill). 3° Il en résulte que l’idée de devoirs envers soi-même ou d’accomplissement personnel n’a elle-même aucune validité morale (il est moralement légitime de faire de sa vie ce que l’on veut dès l’instant qu’on ne nuit pas à autrui). 4° D’où une double récusation : celle du « moralisme », c’est-à-dire de la promotion publique d’une conception substantielle du bien, d’un modèle de vertu ou de réalisation de soi ; celle du « paternalisme », c’est-à-dire de l’idée qu’il est légitime d’interférer avec la liberté d’autrui pour son bien. » (Pierre Kahn, « « L’enseignement moral et civique » : vain projet ou ambition légitime ? Éléments pour un débat », Carrefours de l'éducation, 2015/1 (n° 39), p. 185-202. DOI : 10.3917/cdle.039.0185. URL : https://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2015-1-page-185.htm).

Ogien ne voulait pas tirer, semble-t-il, des implications strictement libérales de sa doctrine morale, au motif d’une conception républicaine de la liberté comme non-domination (voyez son livre L’Etat nous rend-il meilleur ?). Néanmoins, son éthique a des implications individualistes évidentes, puisqu’elle se ramène à pouvoir faire ce qu’on veut, sous réserve de ne pas causer de torts à autrui

La thèse centrale du minimalisme éthique –l’indifférence morale du rapport à soi- est à mes yeux radicalement fausse, comme tout lecteur avisé de mon essai de méta-éthique l’aura déduit lui-même. En effet, puisqu’une bonne action est une action qui me rapproche de mon bonheur, il est clair que tout ce que je fais (ou m’abstiens de faire) présente une dimension éthique. La morale n’est nullement une problématique qui se présenterait uniquement à l’homme en société, dans ses interactions avec autrui. Un homme échoué sur une île déserte aurait lui aussi des choix et des dilemmes moraux à trancher ; si bien qu’on peut ici donner raison à Ayn Rand lorsqu’elle dit que c’est précisément pour un tel homme que la connaissance de son bien, la juste façon de conduire sa vie, importe le plus urgemment.

L’indifférence morale du rapport à soi est également une idée fausse et dangereuse pour une autre raison. Si l’on peut distinguer conceptuellement la sphère de mes actions qui n’affectent que moi-même et celle de mes actions qui affectent autrui, dans la pratique, ces deux sphères sont en interactions régulières. Par conséquent, il y a des implications prévisibles entre le fait de me maltraiter ou de me laisser me dégrader moi-même, et nuire à autrui. Il semble clair, par exemple, qu’un individu qui n’admets pas avoir un devoir de résister à l’ivrognerie à plus de chances de devenir un ivrogne, et qu’une personne qui n’est plus maîtresse d’elle-même est davantage susceptible d’être dangereuse pour autrui. Le minimalisme éthique est donc profondément vicieux, puisqu’il sape les conditions de possibilité de la non-nuisance à autrui.

Enfin, l’idée que nous n’avons aucun devoir positif à accomplir (mais uniquement un devoir négatif de ne pas nuire) est elle aussi un obstacle avec l’obtention d’une vie bonne dans une société aimable. Une société dans laquelle vous n’avez aucun devoir positif envers autrui est une société dans laquelle autrui n’a aucun devoir positif envers vous. Ce qui signifie être terriblement seul. Doit-on s’étonner alors que la solitudeait été déclarée grande cause nationale en 2011 (un tiers des Français serait directement frappé) ? L’Homme est pourtant, selon la vieille définition d’Aristote, un animal social. 

Une société dans laquelle il n’existe pas d’obligation de porter assistance à une personne en danger est une société dans laquelle vous avez une garantie de moins d’être sauvé. Est-ce ainsi que les hommes veulent vivre ?

Il est également clair que réduire la moralité des rapports sociaux à l’exigence qu’ils relèvent de choix consensuels aboutit à laisser les individus se faire du mal à eux-mêmes, et même aux autres (consensuellement). Dans une société suivant ce principe, rien ne s’oppose à ce que des individus s’engagent par contrats à pratiquer des sports extrêmes, des combats de gladiateurs, etc. L’individualisme détruit les freins moraux et légaux qui empêchent la société de courir à sa perte.

Pourtant, parce qu’il est un être social et empathique, l’être humain ne peut pas jouir d’une vie réellement satisfaisante en étant entouré de gens qui se dégradent et s’enfoncent dans le mal (ne serait-ce que vis-à-vis d’eux-mêmes). Le fait que les vices ne soient pas des crimes ne devrait donc pas interdire par principe toute action politique à l’encontre des comportements vicieux.

On voit donc la misère de l’individualisme d’Ogien ou des libéraux qui veulent « mettre le consentement au centre de l’éthique ». En vérité, le simple respect du consentement d’autrui est en déça des tâches de l’éthique. Nous devons bien plutôt tâcher de motiver autrui à vouloir son bien, et agir en conséquence. Car notre propre bien est affecté par le degré d’épanouissement ou de dégradation morale d’autrui. Le plus haut idéal social que l’on puisse se donner n’est pas simplement une société libre ou égalitaire ou prospère ; c’est une société heureuse. Atteindre cela exige infiniment plus que de s’abstenir de nuire à autrui et d’acquieser à toutes les préférences restantes. Cela exige des vertus et des lois.

Adopter une position politique pluraliste semble donc impliquer –contrairement à ce que je disait aux pages 10 et 11 de ma brochure sur John Kekes- de renouer avec une forme de perfectionnisme politique, au moins dans un sens faible. Il ne s’agit pas tant que de contraindre les individus à suivre un modèle déterminé de vie bonne (puisque nos désaccords sont d’autant plus vifs que nous définissons le bien de façon substantielle), mais du moins de les empêcher de se nuire et d’inciter potentiellement autrui à en faire autant –puisque que la finalité des bons régimes est de permettre au plus de gens possible de mener des vies bonnes. Le corollaire de ce principe serait donc que les bons régimes ne souffrent pas la liberté individuelle jusqu’au point où les individus en feraient usage pour rendre leurs propres vies misérables. Si l’Etat doit garantir aux individus des biens tels que la santé, on ne voit pas pourquoi des mesures visant à interdire ou dissuader les individus de dégrader volontairement leur propre santé ne pourraient pas être envisagées (leur application effective dépendant cependant de considérations contextuelles ou techniques de faisabilité. Il est parfaitement vain d’interdire le suicide, par exemple, et ce alors même qu’on ne peut en général guère dire des suicidés qu’ils ont eu une bonne vie). 

Voilà pour le minimalisme éthique. Quant aux si populaires « éthiques de la discussion » (formulés par des sociaux-démocrates comme Rawls, Habermas, Paul Ricoeur, etc.), si elles ne prônent pas directement l’individualisme, leur indétermination même les empêchent de s’y opposer clairement, puisqu’elles ne font que renvoyer la formulation de la volonté démocratique aux préférences que les individus ont déjà :

« La philosophie politique moderne tente de parer aux dangers du principe occamien et spinoziste par la doctrine du droit divin des rois, c’est-à-dire du fondement a priori d’un pouvoir politique absolu, elle conçoit aussi de remédier à l’anarchie qui peut découler du conflit du droit naturel de chacun par le contrat originaire constitutif de la société politique, comme il apparaît encore. L’éthique de la discussion présente un analogon de cette position, tout en maintenant le principe occamien d’une volonté, c’est-à-dire d’une liberté absolue de toute finalité naturelle ou commune. La fonction de l’éthique, c’est-à-dire en définitive de l’Etat minimal du libéralisme, est en effet de chercher à réguler les tendances indéfiniment multiples de la société en assurant leur co-existence pacifique par une procédure de concertation permanente. La condition de cet ordre apparent, de cette « stabilité » de la société, selon l’expression de Rawls, n’est pas une éthique « métaphysique » appuyée sur quelques principes « extérieurs » au conflit des intérêts humains, telles, pour faire court, la finalité du bien ou du moins l’utilité individuelle ou collective, mais un débat démocratique susceptible d’amener à un consensus social sur les règles sociales nécessaires, dans l’ « espace public » de la « communication langagière », qui joue dans le domaine pratique le rôle des conditions transcendantales de l’analyse kantienne. Ce sont ces règles qui pourront être alors considérées comme « bonnes », au moins pour un temps, jusqu’à ce que de nouveaux conflits exigent de nouvelles règles […]

En l’absence d’une morale du bien objectif réel propre à la volonté, en l’absence d’une conception politique du bien commun de la cité, c’est en effet une démocratie dite procédurale, et en fin de compte l’Etat lui-même, qui seul fonde et garantit en les éditant les règles qui déterminent le comportement « moral » de chacun. » (André de Muralt, L’unité de la philosophie politique. De Scot, Occam et Suarez au libéralisme contemporain, Librairie philosophique Vrin, coll. Bibliothèque d’histoire de la philosophie, 2002, 198 pages, pp.60-62).

***

Pour en revenir à la nécrophagie, il est tout à fait logique qu’une société prise dans un mouvement d’individualisme croissant se caractérise par un effondrement des tabous et interdits sociaux. Car, indépendamment de leur contenu, de leur bien-fondé ou de leur rationalité, ces derniers sont des marqueurs de la cohésion sociale :

« Depuis longtemps, ceux qui étudient la société primitive ont reconnu le fait qu'un système de tabous est nécessairement compris parmi les plus importantes des forces travaillant à consolider cette société. Même si les tabous d'un individu ne concernent que lui-même, leur observation impose un frein aux passions humaines et requiert la maîtrise sur des impulsions qui, autrement, seraient irrésistibles. Si les tabous sont observés par la communauté, leur rôle disciplinaire est encore plus manifeste. Leur violation par quelqu'un entraîne, croit-on, mauvaise fortune pour chacun. Comme disent les naturels du Congo, « un seul homme devient la malédiction de cent hommes ». De là, le devoir imparti à tout membre du groupe : s'assurer si son voisin respecte la loi. En conséquence, les règles du tabou produisent comme effet général l'exercice d'une puissante sanction pour tous ces sentiments altruistes qui mettent en œuvre la coopération entre semblables. Nombreux sont nos informateurs qui attestent que de telles règles tendent à établir et à maintenir la solidarité sociale. » (Hutton Webster, Le tabou. Étude sociologique, Paris, Payot, 1952, cité d'après l'édition "Les classiques des sciences sociales", 459 pages, p.453).

La gauche authentiquement socialiste, comme son nom l’indique, s’est érigée, au début du 19ème siècle, contre une évolution historique libérale amenant la société à tomber en poussière, en détruisant la réalité communautaire de la société pré-industrielle. La plupart des penseurs du socialisme européen étaient motivés par une problématique éthique et humaniste, visant à contrer les conséquences inhumaines des tendances individualistes de la modernité. (Ce qui n'implique ni de rejeter toute la modernité, ni de préférer le collectivisme à l'individualisme). 

Mais depuis la reconstitution en France du Parti prétendument socialiste dans les années 1970, il s’est formé toute une social-démocratie qui, par hostilité légitime contre le collectivisme stalinien totalitaire, s’est noyée dans l’excès inverse. Ce qui rend cette gauche tiède logiquement très peu apte à poser des limites éthico-politiques à l’emprise croissante des rapports marchands dans la vie sociale (voyez le bilan des années Mitterrand). 

La complaisance de cette gauche tiède vis-à-vis de l’individualisme est illogique au regard de ses propres idéaux de bien-être et de solidarité. En effet, il est évident qu’une société de plus en plus individualiste est également prise dans un mouvement de marchandisation croissante. Par exemple, si je peux faire ce que je veux de mon corps, je dois pouvoir vendre mes organes pour de l’argent. 

Dans une société individualiste, les individus sont abandonnés à la peur par absence de garanties matérielles d'existence. Une société dans laquelle l’accès aux ressources socio-économique dépend essentiellement du marché implique de lutter en permanence pour plaire aux autres, ce qui alimente nécessairement l’inauthenticité de l’existence, l’hypocrisie, le mensonge, le culte de l’apparence, du corps, et renforce en un cercle vicieux le narcissisme. 

« Le stress de la « captation » de l’attention est permanent, obsessionnel, peu importe l’étage de la pyramide auquel on s’est hissé. Les réseaux sociaux ont été, en ce sens, le dernier clou dans le cercueil. L’artiste a intégré qu’il a « cinq secondes » pour capter l’attention, et c’est là qu’il va mettre le paquet : hyper-sexualisation de l’image, débauche d’effets, déclarations calibrées pour les titres, baskets rouges et autres fadaises. » (Les artistes sont aussi des travailleurs — discussion avec Convergence des Luths, Entretien inédit pour le site de Ballast, 5 juin 2021: https://www.revue-ballast.fr/convergence-des-luths ).

La sociologie de Zygmunt Bauman a défini la radicalisation post-fordiste et individualiste du capitalisme occidental comme marquant l’avènement d’une société liquide. Tous les aspects mortifères de cette nouvelle forme de la société capitaliste –vacuité et fragilité des liens sociaux, déracinement, précarité croissante, angoisses psycho-sociales, isolement, consumérisme, etc.- découlent d’une forme ou d’une autre d’individualisme. 

Si nous voulons améliorer la société dans une orientation réellement humaniste, eudémoniste et conforme au pluralisme politique, il convient de mettre la bride à l’exigence –légitime au demeurant- de liberté individuelle.

Paradoxalement, c’est lorsque nous ne sommes obligés positivement à rien envers autrui que nous sommes le plus radicalement asservi au fait de gagner son intérêt.

Inversement, l’obligation de financer un Etat social développé tend à nous libérer de ces incertitudes et à restaurer notre tranquillité et notre dignité. 

La vie la meilleure n’apparaît dès lors pas comme la vie la moins contrainte par des obligations politiques positives. Si nous voulons desserrer l’étau de la peur, de la déchéance, du spectacle du mal et de conditions de vie précaires et inauthentiques, nous devons combattre l’individualisme et les idéologies bourgeoises à son service.

Il y avait au fond une intuition profonde dans la symbolique des couleurs de Magic The Gathering, lorsqu’elle a rattaché l’individualisme au mana noir, la magie des ténèbres et de la mort. 

Post-scriptum: Version audio du texte

2 commentaires:

  1. Merci pour cet article qui conteste de façon très rigoureuse les thèses de Ruwen Ogien. Pour la genèse de l’individualisme contemporain, outre les références que vous mentionnez, on peut citer Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, qui est un bilan du vingtième siècle sur le plan des mœurs et de la société, et qui analyse cela de façon très lucide et désenchantée, désespérée même. Et il a ce qui manque à votre réflexion me semble-t-il. Vous vous placez toujours du point de vue des concepts, sur le plan philosophique. Or c’est un problème sociologique que vous abordez, et c’est donc un angle sociologique qui serait pertinent, vraiment explicatif. Les individus ne déterminent pas leur comportement selon des thèses philosophiques sur la liberté ou la nature du bien. Ils sont déterminés par les grands courants sociologiques. Les mœurs sexuelles des jeunes filles par exemple ne découlent pas de choix rationnels, mûrement réfléchis, mais sont strictement déterminés par les courant sociologiques de leur époque (différence des mœurs entre 1945 et 2020 par exemple). Et tout le reste est à l’avenant. Et Houellebecq peint cela à merveille.

    Votre effort pour dépasser l’individualisme sur le plan théorique reste très louable. C’est en effet une société mortifère, au sens propre dorénavant, dans laquelle nous vivons. Pour ma part, je pense que la source du problème, se situe sur un autre plan. Quelque chose d’essentiel a été complètement oublié et occulté (même s’il continue d’agir de façon latente). Il y a un grand vide, un grand Absent dans notre société. Mais ce sont des considérations d’un autre ordre.

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    1. Je vous remercie pour vos encouragements, cher Laconique. Toutes ces réflexions sont le fruit d'un long cheminement et de beaucoup de remises en cause par rapport à ce que je défendais par le passé.

      Le sujet du prochain billet devrait aussi vous intéresser.

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